Qu’est-ce qu’un groupe ? Quelle est sa particularité et quels sont ses besoins ? Les réponses à ces questions peuvent se trouver aux seins des entreprises en observant le fonctionnement des équipes.

Elles se découvrent aussi sur les pistes ensablées, traversant les dunes du Sahara, à l’occasion d’une aventure humaine, physique et psychologique : 18 jours de trekking.  Laurence nous raconte …

Laurence, parlez-nous de votre voyage dans le Hoggar.

Ce fut un voyage de groupe, le parc national du Hoggar, près de Tamanrasset, tout au sud de l’Algérie. Nous sommes partis 4 semaines, incluant un superbe trek de 18 jours dans le Tassili de l’Immidir. C’est un endroit sauvage, fait de canyons, de petites dunes et de plateaux rocheux.

Dix-huit jours, ce n’est pas rien : aviez-vous envie d’établir un record de marche ?

Non, non, surtout pas. Je n’avais aucun objectif sportif particulier ou l’envie de faire une performance pendant le trek. Le but était surtout de découvrir un environnement magnifique, de faire des rencontres.

Et comment a fonctionné le groupe ?

Hum, je dois d’abord vous préciser comment il s’est formé : nous étions une dizaine de personnes, avec un guide touareg pour nous accompagner, le voyage étant organisé par Charles, un amoureux du désert et du Hoggar en particulier, qui y a déjà été près de 15 fois. Nous nous étions rencontrés pendant un week-end quelques temps avant le départ, histoire de se découvrir mutuellement. Mais un week-end tout confort en France n’a rien à voir avec 18 jours de trek dans un désert, et il y a vite eu des tensions.

C’est-à-dire ?

Certains avaient déjà fait le voyage et avaient un objectif de performance (vitesse de marche, kilomètres parcourus, …), alors que d’autres, dont notre organisateur, étaient plus en mode de rencontres et découverte tranquille. Mais le leadership a posé problème, et nous avons finis en 2 groupes distincts.

Qu’aurait-il fallu faire de différent ?

Indéniablement il nous a manqué un leader. Le monde a besoin de héros qui le guident. Mais ce héros, ce leader doit être volontaire. Il doit assumer son rôle, l’épouser à bras le corps. Ce n’est pas une chose facile car il vivra de bons moments mais, inévitablement, il sera confronté aux résistances et aux difficultés de gestion d’un groupe.

Il doit être également porté par le groupe, élu pour le représenter. Sans cette volonté doublée de légitimité le leadership est bancal. Ce fut notre cas.

Etre leader ne semble pas facile !

L’alchimie du leader est complexe : il doit être responsable et courageux, ne pas fuir son devoir. Il prend les décisions qu’il considère comme justes, même quand elles sont difficiles. Il se positionne et devient les repères dont le groupe a besoin. Idéalement, il sera aussi charismatique. C’est vers lui que les membres du groupe se tournent quand ils cherchent de l’exemplarité, de l’écoute, de la bienveillance. Ce portrait ressemble peut-être à celui d’un surhomme et portant s’est à l’opposé qu’il faut regarder, car une de ses qualités majeures est l’humilité.

Et comment doit se positionner le groupe ?

Pour le groupe, il est important de savoir qui fait quoi et de mieux se connaître. Chaque membre du groupe a besoin de savoir quelle place il occupe dans l’esprit du leader. Dans le meilleur des cas, une proximité existe entre les personnes, ce qui favorise l’efficacité et la prise en compte des talents de chacun. Dans le pire des cas, des jeux de pouvoir s’organisent ; c’est ce qui s’est passé dans notre groupe.

Laurence, votre recommandation …

Je pense que nous aurions dû suivre trois règles de bon sens :

  1. Etre sûr d’avoir le même objectif, donc bien partager en amont les désirs et buts des uns et des autres. Quitte à ce que cela remette en cause le voyage pour certains.
  2. Accepter l’idée que le groupe avait besoin d’un leader, surtout dans un contexte qui pouvait être stressant et contraignant, pour arbitrer certaines décisions.
  3. Décider dès le départ qui était le leader, le champ de ses responsabilités et l’espace-temps dans lequel cela s’appliquait. Et bien le communiquer pour s’assurer de son acceptation.

Repartirez vous en voyage ?

Oh oui ! Mais en étant bien vigilante à la bonne mise en œuvre de ces règles de base, car mòssə-tæn i-bdɑ́j-æn t-ìhuruɤ- aman sæ̀mmed̩-æt !  (*)

 (*) « Chat échaudé craint l’eau froide », en langue Touareg